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Présentation formateur : Gaël Prigent

Découvrez le profil et le parcours de Gaël, formateur spécialisé dans le son, qui exerce au sein du campus Studio M Rennes.

Quel est votre parcours scolaire et professionnel jusqu’ici ? 

Mon parcours scolaire est très classique : lycée général section littéraire pour commencer, puis l’université où j’ai obtenu mon master en Arts du spectacle, spécialité Théâtre en 2011. J’étais déjà musicien à l’époque et, en parallèle de la scolarité et des études, je passais tout mon temps à faire de la musique et tous les week-ends en concert avec mon groupe.

Pendant les huit années qui ont suivi, on a enchaîné les concerts et appris à nous sonoriser nous-mêmes dans les innombrables petits lieux non équipés qui étaient notre quotidien. Comme nous étions particulièrement nuls, j’ai fait chaque année une formation en lien avec les métiers de la technique et commencé à officier en tant que technicien du spectacle également. En 2016 mon groupe s’est arrêté et j’ai pris la direction d’une petite société de production de spectacle tout en vivant de la clientèle de mon petit home-studio rennais. 

Quelles sont les compétences essentielles nécessaires pour travailler dans le domaine du son en studio ? 

Question difficile… beaucoup de paramètres entrent en jeu ici : le type de studio, la clientèle visée, etc… Mais si on essaie de synthétiser on peut quand même dégager quelques impondérables. C’est à la portée de toute personne qui s’en donne le temps et les moyens ; comme une pratique sportive.

Une séance de studio peut être stressante et épuisante mentalement pour les artistes, en particulier quand ceux-ci sont peu rodés à l’exercice et paient très cher leur séance : ça demande en réalité beaucoup d’empathie de se connecter à eux et tout autant de maîtrise car vous devez en parallèle garder la tête froide et l’attention à son plus haut niveau. 

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier (dans le son) et en tant que formateur ? 

Pour mon métier, j’ai beaucoup de mal à répondre… La musique est absolument vitale pour moi et mon métier me permet justement de ne vivre que par et pour elle : ce qui me plaît le plus c’est la complexité du job et le nombre de connaissances et compétences qu’il mobilise ; c’est d’une richesse infinie !

Je crois que c’est exactement ça que j’aime le plus aussi en tant que formateur : voir les futurs collègues prendre conscience de toute cette richesse et de sentir chez eux le mélange entre la passion qui naît et le vertige devant tout ce qu’il va falloir apprendre pendant des milliers et des milliers d’heures. Accompagner tout cela est difficile, c’est sûr, mais c’est tout aussi passionnant. 

Quels sont les outils et les technologies les plus couramment utilisés dans l'industrie actuellement ? 

Les outils et technologies peuvent beaucoup varier en fonction de la branche de l’industrie dans laquelle vous officiez. Le logiciel sur lequel il est difficile de faire l’impasse, c’est bien sûr Pro Tools et c’est un très gros morceau à lui tout seul ! Pour le reste, l’essentiel du travail se fait de nos jours en numérique et, dans ce domaine, les choses bougent sans cesse plus vite que la veille ; on a à peine le temps de s’habituer à quelque chose qu’il est déjà remplacé.

Par exemple, on utilise les technologies de réseaux pour gérer les signaux ; rien que ça c’était de la science fiction quand certains de mes propres formateurs ont débuté leur métier ; à l’époque, tout était câblé et passer outre ce fait relevait du fantasme. L’intelligence artificielle est également de plus en plus utilisée et bien malin celui qui pourra prédire tous les changements structurels que cela pourrait engendrer. En résumé, le « actuellement » de la question est en sursis permanent ! 

Quels sont les défis les plus courants auxquels les ingénieurs du son sont confrontés ? 

D’une manière générale, tout ce qui vient perturber une routine ! C’est un boulot qui demande beaucoup de concentration et les mises en place peuvent parfois être très complexes : quand un problème survient, c’est là qu’il faut savoir improviser sans perdre de vue tous les enjeux et être capable de proposer une solution qui ne provoque pas de trop gros remous.

Avec le temps et l’expérience on apprend énormément à savoir se faire confiance quand il faut prendre des décisions, parfois radicales ou très éloignées de ce qu’on appris et je pense même que c’est aussi un plaisir que d’être confronté à des défis et, le temps passant, de se sentir de plus en plus apte à les résoudre sans perturber l’entreprise à laquelle on participe.

Présentez brièvement les cours que vous donnez aux étudiants studio m rennes. 

Je donne aussi des cours sur Pro Tools, le logiciel tellement hégémonique qu’il peut prétendre à une certaine universalité malgré l’immense foule de ses concurrents et dont la connaissance un minimum poussée est vraiment indispensable à une pratique fluide dans un studio actuel. On pourrait croire que c’est une discipline subsidiaire dans un métier où la maîtrise technique pure apparaît comme étant le cœur de notre travail.

Avoir une culture éclectique et ouverte est indispensable pour pouvoir penser notre travail et échanger avec les artistes. D’ailleurs, les cours de culture générale et artistique n’abordent pas uniquement des sujets liés au son ou à la musique, on y parle aussi de comment le monde artistique s’inscrit dans des problématiques plus vastes, de la philosophie et l’histoire des idées au politico-social et comment tout cela s’articule. 

Comment enseignez-vous aux étudiants à utiliser ces techniques de manière créative et efficace ?

Le problème de la pédagogie est qu’elle ne répond jamais à l’intégralité des apprenants : tous les esprits ont des manières différentes de fonctionner et n’utiliser qu’une seule forme d’apprentissage c’est toujours courir le risque de laisser du monde sur le carreau. Par exemple, je peux démarrer un cours par une partie théorique suivie d’un exercice à effectuer pour appliquer ce qui a été vu et faire exactement l’inverse le cours suivant : je donne aux étudiants un objectif sans leur donner la méthode et, après un petit temps de travail et un tour de table, on essaie d’établir ce qui fonctionne et qui ne fonctionne pas avant de conclure par un point sur la méthodologie professionnelle standard. Or un professionnel ne peut pas se permettre ce genre de choses, c’est bien trop handicapant au quotidien : être conscient des problèmes inhérent à notre personnalité ou notre manière de travailler est la première étape pour prétendre les régler. 

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaitent se lancer dans cette carrière ? 

Il faut être prêt à en baver. J’ai parlé de mon parcours scolaire et de ma formation professionnelle tout à l’heure, mais je n’en ai pas précisé les conditions : sans venir d’un milieu spécialement privilégié, j’ai eu des parents qui m’ont toujours soutenu moralement et financièrement et même avec cette aide infiniment précieuse, j’ai dû me bagarrer sans cesse.

Il ne faut vraiment pas négliger la dévotion que nos métiers réclament. Mon autre conseil serait de cultiver son humilité - même quand on est très bon et qu’on le sait ! Il faut déjà respecter le boulot d’une manière générale et se rappeler que même après une vie consacrée intégralement au son et à la musique il y aura encore des immensités d’ignorance qu’on ne comblera jamais, ni nous, ni ceux qui nous suivront. Aucune frustration à nourrir de ce postulat, mais il faut accepter de rentrer par la petite porte et de faire ses preuves toujours petit à petit.

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